Les parias de la pensée

Comme des mercenaires de l’ordre social, les parias de la pensée sont déjà à nos portes, occupés à crocheter les serrures de nos habitudes, à faire sauter les verrous de nos certitudes.

Frères du vent ou de la côte qui ont vu filer tous les chemins sous leurs semelles, qui ont couru sur l’écume des vagues et sur les ailes des tempêtes, comme des funambules, qui veulent voir le monde autrement, sous le prisme d’une poésie sauvage, sans compromis ni abdication. Ils font appel à d’autres valeurs qui ne sont plus ni refuge, ni conventions, ils bousculent en riant  les idées reçues, les vieux schémas, les préjugés pour ouvrir, par des mots de feu, un espace à rebâtir autrement, un espace de liberté offert où chacun pourra inventer ses valeurs et donner vie à ses rêves, confronter son utopie à la réalité pour devenir à ses propres yeux, le héros de sa vie. Tout est dans son désir en harmonie avec le regard qu’il porte sur lui-même.

Mais quel désir dort, palpite ou gronde au fond de toi, avec son potentiel, ses limites,son cheminement ?

Mais quel regard intérieur  sculpte ton moi, trop critique, trop indulgent, trop lâche ?

Là, au fond de ce regard est le secret qui crée l’enchantement :  l’union du monde extérieur se réalise, avec le monde intérieur, sans drogue ni folie, par un changement lucide, conscient de sa perception de lui-même. Il pousse la porte de la beauté, découvre  le diamant caché, la pierre philosophale qui va transformer le plomb d’une existence passive,  machinale, lourde comme un fardeau, en l’or d’une vie éclairée, intense, spirituelle, qui lui donne un nouvel essor, une nouvelle naissance, comme s’ il s’était accouché de lui-même. Curieuse maïeutique !

Alors, chacun devient le centre de l’Univers et autour de «  lui-planète » gravitent ses émotions, ses rencontres, ses évolutions, et l’ensemble des être nés deux fois forme des systèmes  « d’hommes-solaires », des galaxies « d’hommes-poètes » lancés à la conquête infinie d’eux-mêmes, ultime tentative qui tente de tracer une voie sinueuse, spiralée, élargie de soi vers tous les autres vivants dans l’émerveillement de chaque premier matin .

Michel Vieujean.

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